Des enfants, jeunes et adolescents qui travaillent dans des carrières de pierres, dans la ville de Bukavu au Sud-Kivu, traversent un véritable calvaire pour survivre.
Alors que la place des enfants est à l’école, ces derniers, dans leur très jeune âge, n’ont trouvé que le métier de casseur de pierres pour tenter de subvenir à leurs besoins, et parfois, ceux de leurs familles.
Ce mardi 10 octobre, Watoto News a approché quelques enfants et adolescents travaillant dans une carrière de pierres à Bukavu, pour s’enquérir de leur situation.
Destin, 15 ans, affirme qu’il a arrêté les études il y a quelques années, par manque de moyens pour payer les frais scolaires.
«Il y a des jours que je travaille on me paie seulement 500 FC, parfois 1.000 FC, et peut-être 2.000 FC. A la maison nous n’avons pas assez de moyens. Donc parfois ce que je gagne ici, j’achète de la nourriture qu’on va manger à la maison, avec espoir de gagner encore demain. J’avais arrêté les études par manque de moyens pour payer des frais scolaires, alors je me suis dit qu’il faut que je cherche un travail pour trouver un peu d’argent. Et tout ce que j’ai trouvé a été celui de casseur de pierre, » confie cet adolescent.
Destin n’est pas seul dans cette situation de misère au sein de cette carrière de pierres.
Mugisho, 20 ans, a tout un diplôme d’Etat. Mais le manque d’occupation ne lui a donné aucun autre choix que celui de casser les pierres.
«Avec le peu que je gagne ici, je ne peux faire grand-chose si pas seulement trouver comment manger à la maison. Je suis diplômé, mais depuis que j’ai fini mes études secondaires, je restais sans rien faire dans le quartier. Au lieu de mendier ou vagabonder, j’ai pensé que c’est mieux de venir ici,» déclare-t-il.
Daniel, un autre adolescent, lui, déplore plutôt le risque très élevé de ce métier, surtout pour les plus jeunes. A l’en croire, le plus grand problème est l’accès aux soins de santé, notamment en cas de blessure. Mal payés, ces derniers sont en plus obligés de se prendre en charge.
«Je travaille ici depuis 3 ans. On ne peut même pas trouver de l’eau quand on a soif. Quand il pleut, soit on accepte de se mouiller ici en continuant de travailler, soit on va s’abriter mais là on perd toute la journée. Sans compter le fait qu’on peut se blesser à n’importe quel moment, sans aucune prise en charge,» affirme-t-il.
Daniel plaide pour que le Gouvernement puisse les prendre en charge, notamment dans des formations professionnelles.
«Je n’ai pas eu la chance d’aller à l’école, mais je ne suis pas aussi vieux pour ne plus apprendre. Ici nous sommes beaucoup de jeunes et nous plaidons à notre gouvernement et ses partenaires de ne pas nous laisser dans cette misère. Nous pouvons encore apprendre des métiers et sauver notre vie,» ajoute-t-il.
Face à cette situation, le Réseau des Journalistes Amis de l’Enfant (RJAE) invite les partenaires œuvrant dans l’encadrement des enfants dans l’apprentissage des métiers, à pointer leur regards sur cette catégorie d’enfants et adolescents dont l’avenir est compromis.
Son Coordonnateur provincial au Sud-Kivu, Ernest Muhero, rappelle que la Convention relative aux droits de l’enfant en son article 32, reconnaît le droit de l’enfant d’être protégé contre l’exploitation économique ou tout travail pouvant compromettre son éducation, sa santé ou son développement physique, mental, moral et spirituel.
A l’Etat et aux ONGs de concourir les efforts pour permettre à ces enfants et adolescents soit de reprendre le chemin de l’école, ou d’apprendre des métiers adaptés à leur âge et sans conséquence néfaste à long terme, sur leur santé physique ou mentale.